C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de l’artiste Benjamin Vautier, plus connu sous son nom d’artiste « Ben », le mercredi 5 Juin 2024.

Qui n’a jamais eu une trousse, un bloc notes ou même un t-shirt arborant cette fameuse écriture cursive, annonçant des vérités ou des évidences qui, entre ses mains, semblaient prendre une autre dimension, une nouvelle aura?

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Ben passait son temps à questionner le rapport à l’art, que ce soit son principe (« tout est art ? »), son utilité (« l’art est inutile ») ou encore, son esthétique (« tout est art, y compris les mégots par terre. Regardez-les »). Selon lui, le monde était une oeuvre immense et spectaculaire, que nous ne savions juste plus regarder correctement (« J’ai rien à vous montrer. Il y a tout à voir »).

En développant la notion « d’appropriation » dans les années 60, cet artiste déclarait croire que « l’art est dans l’intention et qu’il suffit de signer », poussant ce principe au point d’apposer sa signature sur de nombreuse choses tel des trous, ou des pierres sur le bord de la route, comme pour souligner que « l’art, c’est n’importe quoi encadré, signé daté ».

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Un autre thème très cher au coeur de Ben est celui de l’égo, qu’il représentera et dénoncera à de nombreuses reprises dans plusieurs de ses oeuvres (« l’art est toujours la même chose: de l’égo, encore de l’égo, que de l’égo »). Selon lui, la vie était avant tout de la survie, au même titre que l’ego: c’est lui qui nous pousse à créer des oeuvres qui existeront bien après nous. Sans ego, il n’y aurait pas d’art.

Âgé de 88 ans, Ben a été retrouvé dans sa maison de Nice, mort d’une balle dans la tête, sans doute un suicide. Sa compagne était décédée la veille, des suites d’un AVC et il n’a pu imaginer vivre sans elle. Dans deux de ses oeuvres, Ben disait qu’il fallait « se méfier des mots » et que « les mots tuent ». Il faut croire que nos maux peuvent être plus mortels encore.

Avec ses phrases à la calligraphie naïve, écrites comme des vérités ou des interrogations, Ben restera pour nous, graphistes, un grand artiste et une source d’inspiration majeure pour notre travail de communicant.